LE BLASON ATYPIQUE DE NOTRE ASSOCIATION
Le samedi 25 novembre 1989, lors d’une assemblée générale de notre cercle généalogique, à Villeneuve-sur-Yonne, fut présenté un projet de blason destiné à identifier par l’image notre société savante. Conçu et dessiné par Pierre Le Clercq, cet emblème associatif respecte des choix esthétiques de base qui avaient été dictés au concepteur aussi bien par les contraintes des règles héraldiques que par la volonté de pouvoir le reproduire tout à fait à l’identique, ceci en toute occasion : quelle qu’en fût la composition, le blason final devait donc être très facile à dessiner par tout un chacun, et en noir et blanc pour éviter les frais trop élevés de la couleur. Il fallait par ailleurs qu’il fût original, pour sortir enfin des sentiers battus qu’avaient déjà empruntés bien d'autres cercles généalogiques, qui ont cru faire preuve d’originalité en plantant un arbre dans leur écu.
LA COMPOSITION DE NOTRE BLASON
La première question que l’on se pose d’habitude, quand on examine un blason, est la suivante : que veut dire cet emblème ? Le blason associatif icaunais a une signification symbolique abstraite qui repose en fait sur quatre éléments : un disque central ; huit pastilles qui entourent ce disque ; une ligne diagonale qui monte de gauche à droite et se brise en marches d’escalier en traversant le disque ; une répartition géométrique du noir et du blanc autour de l’axe défini par la diagonale.
Le disque central et les huit pastilles : Cet ensemble évoque une planète entourée de lunes ou bien un ancien cadran de téléphone. J’ai voulu souligner par là que notre passion commune, la généalogie, est une activité moderne pleine d’avenir, qui a sa place dans l’ère nouvelle que nous vivons, celle de la conquête de l’espace, celle aussi de la communication. Dans cette vision cosmique et relationnelle, les huit pastilles agencées en couronne tout autour du disque central représentent l’ensemble des adhérents de notre cercle généalogique qui, tels des corps célestes, gravitent solidairement autour du même centre d’intérêt. Ce premier aspect symbolique se situe sur le plan associatif. Une seconde symbolique peut être dégagée, toutefois, sur un plan individuel : le disque central devient alors l’image de chaque adhérent et les deux séries de quatre pastilles noires ou blanches reflètent les quartiers d’ascendance de chacun de nos deux parents.
La diagonale brisée en escalier : Cet axe de symétrie se compose de deux parties, à savoir une ligne droite et une ligne brisée. La ligne droite représente ce qu’il est convenu d’appeler la « pente du temps » (dans notre civilisation, le passé est toujours perçu comme étant en amont du présent, et l’avenir en aval). La ligne brisée en escalier, quant à elle, symbolise la recherche généalogique, où la remontée du temps se fait pas à pas, de génération en génération. Pour exprimer l’idée de « remontée », j’ai dû tenir compte du fait que la lecture d’un dessin a tendance à se faire de gauche à droite, puisque nous sommes influencés par le sens normal de la lecture d’un texte écrit. C’est la raison pour laquelle, parmi les deux diagonales qui peuvent traverser le blason, j’ai choisi celle qui « monte » lorsqu’on la regarde de gauche à droite, plutôt que celle qui « descend ».
La répartition symétrique des couleurs : Toute symétrie oppose deux moitiés qui forment un tout. Elle évoque surtout l’égalité dans l’harmonie, et la complémentarité dans un ensemble cohérent. Dans le blason de notre association, la répartition symétrique du noir et du blanc symbolise d’abord le climat d’entraide, et de solidarité, qui doit régner dans notre cercle. Mais elle représente également les deux pôles masculin et féminin complémentaires du couple, tels qu’on les retrouve à chaque génération. Dans cette seconde symbolique, le disque central, scindé en deux moitiés de couleurs opposées, peut être tout à fait interprété comme l’image du généalogiste complet, qui s’intéresse aussi bien à son ascendance maternelle qu’à son ascendance paternelle, traitées à égalité. Une fois de plus, l’emblème que j’ai créé et dessiné pour la Société généalogique de l’Yonne peut se lire à deux niveaux : sur le plan associatif mais aussi sur le plan individuel de chaque adhérent.
LE CHOIX DE LA DEVISE
Il est d’usage, dans le domaine de l’héraldique, de joindre une devise à un blason. Il m’a semblé qu’il serait judicieux de choisir alors une phrase succincte qui pût traduire en mots ce que l’écu exprime en image. Si l’on reprend toutes les idées qui viennent d’être développées précédemment, notre emblème pourrait très bien donner lieu à la lecture suivante : « Nous, sociétaires d’un même cercle, gravitons solidairement autour d’un même centre d’intérêt qui est la remontée dans le temps, de génération en génération, et chacun de nous se veut un généalogiste complet qui s’intéresse à tous ses quartiers, tant maternels que paternels ».
Cette lecture à deux niveaux, l’un relatif à l’association et l’autre à la qualité individuelle de l’adhérent, peut difficilement se réduire en une courte phrase. Il faut opérer un choix si l’on veut en tirer une véritable devise. Comme c’est l’aspect associatif qui doit primer, j’ai finalement opté pour une formule simple qui valorise l’effort collectif : « nous gravissons le temps ».
La description héraldique du blason
Deux formules sont possibles, l’une concise et l’autre plus longue mais plus ouverte [….] :
1) « Taillé[1] d’argent[2] sur sable[3], au disque vivré[4] en barre[5] de l’un en l’autre[6] ; à l’orle[7] de huit besants[8]-tourteaux[9] également de l’un en l’autre ».
2) « Taillé d’argent sur sable, au disque de l’un en l’autre, la ligne de partition vivrée en marches d’escalier, accompagné d’un orle de huit besants-tourteaux, quatre besants d’argent et quatre tourteaux de sable ».
[1] partagé selon une diagonale qui monte de gauche à droite.
[2] blanc.
[3] noir.
[4] partagé selon une ligne brisée en dents de scie.
[5] diagonale épaisse qui monte de gauche à droite.
[6] interversion symétrique des couleurs.
[7] cercle.
[8] pastille jaune ou blanche.
[9] pastille rouge, bleue, verte, noire ou violacée.