LA PRÉSIDENCE DE ROBERT TIMON

 

       Le quatrième président de la Société généalogique de l’Yonne, qui en 2012 est encore à la tête du cercle icaunais, est le membre n° 106 de l’association. D’un âge plus avancé que ses trois prédécesseurs, étant né dans les toutes premières années de l’après-guerre, Robert Timon est le premier président du cercle de l’Yonne à ne pas s’être marié pendant son mandat, alors que ses trois jeunes devanciers avaient tous convolé en justes noces pendant leurs présidences respectives. Il était entré au conseil d’administration de la Société sept ans plus tôt, en 1992, comme secrétaire.

     Dès sa prise de fonction le 1er janvier 1999, le nouveau président a transféré le siège social de la Société généalogique de l’Yonne de Joigny à Auxerre. Il a loué un local en la place Corot et a aussitôt engagé une secrétaire professionnelle à temps partiel pour traiter les affaires courantes. Il a dû aussi rétablir les finances du cercle en toute urgence, mises à mal par la publication, fort coûteuse, des quatre premiers tomes du Dictionnaire biographique de l’Yonne de Paul Camille Dugenne. Certes, le président précédent avait obtenu que le conseil général de l’Yonne achète, pour les centres de documentation des écoles et collèges du département, cent exemplaires de chaque tome, mais, en attendant le paiement salvateur des exemplaires livrés, le nouveau président a dû négocier avec l’imprimeur un étalement de nos dettes.

       Après avoir surmonté ce cap difficile, Robert Timon a pu se consacrer enfin à la mise en œuvre de ses choix associatifs. Il a d’abord décidé de maintenir l’implication régionale et nationale du cercle icaunais, en faisant en sorte que celui-ci continue de participer à tous les congrès nationaux et forums bourguignons de généalogie et en ne remettant pas en cause le fait que Généa-89 soit devenu le supplément icaunais de Nos Ancêtres et Nous. Il a aussi poursuivi la politique de ses trois prédécesseurs consistant à ne jamais réclamer de subventions aux pouvoirs publics pour conserver une complète autonomie financière. Il a enfin veillé à terminer la publication des trois derniers tomes du Dictionnaire biographique de l’Yonne de Paul Camille Dugenne, dactylographiés par Brigitte Lalandre puis relus et complétés par mes soins.

       Mais Robert Timon ne s’est pas contenté de prolonger ce que ses devanciers avaient entamé. C’est lui qui a tenu à informatiser le cercle de l’Yonne, en le dotant d’ordinateurs et en confiant à Sylvie Lajon la tâche de créer et d’animer une équipe de bénévoles chargés de retranscrire, sous forme de fichiers électroniques, toutes les tables de mariages de l’Yonne déjà diffusées sur papier. Grâce à ce gros travail, Cédric Lajon a pu mettre en ligne le 17 mars 2001, sur le site qu’il avait inauguré en juillet 1998, une vaste table départementale des mariages appelée à s’étoffer au fur et à mesure de l’avancement des retranscriptions électroniques. J’ai alors décidé en 2005, après avoir dirigé la campagne de relevé des mariages dans l’Yonne pendant vingt ans, d’en céder la direction à Sylvie Lajon pour accélérer le processus.

       Si Robert Timon a fait en sorte d’informatiser le cercle icaunais, en favorisant le développement d’un site associatif performant, il a cependant continué de donner la priorité aux publications classiques sur papier. Ce choix, mûrement réfléchi, repose sur le fait que les pages électroniques sont beaucoup trop éphémères et ne peuvent rivaliser, à long terme, avec les pages imprimées qui traversent bien mieux les âges et créent un lien entre les généalogistes d’hier et ceux de demain. Robert Timon a donc relancé la publication des cahiers généalogiques de l’Yonne, en sollicitant de nouveaux auteurs et en incitant Etienne Meunier à reprendre la plume pour le cercle que celui-ci avait contribué à fonder en 1981. Grâce à Etienne Meunier, il a relancé également, à partir de l’an 2000, la publication annuelle des fiches de l’Encyclopédie généalogique de l’Yonne. Il a aussi publié, en l’an 2000 et en 2009, deux nouveaux répertoires des familles étudiées, ainsi que deux autres outils de travail proposés par des particuliers : la Cartographie administrative historique de l’Yonne, de Jean-Pierre Pélissier, puis les Documents relatifs au foncier de Sens, d’Etienne Meunier.

       La grande nouveauté introduite par Robert Timon, toutefois, reste la publication sur papier des tables de mariages de l’Yonne, ceci à partir des fichiers électroniques gérés par Cédric Lajon. En 2003, il a créé la série Rouge des tables cantonales de mariages de l’Ancien Régime, la série Jaune des tables cantonales de mariages de 1793 à 1899 et la série Bleue des tables de contrats de mariage. Pour accueillir les travaux exhaustifs des adhérents, il a créé aussi, en 2004, la série Verte des relevés complets des actes de mariage, baptême, sépulture, naissance et décès qui figurent dans les registres paroissiaux puis d’état civil de chaque localité de l’Yonne. Après la mise en ligne de ces mêmes registres par les Archives départementales de l’Yonne, il a créé enfin, en 2010, la série Violette des indexes de tous les liens électroniques permettant de retrouver directement les actes en ligne sur le site des Archives.

       C’est sous la présidence de Robert Timon que s’est achevée, le 10 novembre 2010, la campagne de relevé des mariages de l’Ancien Régime que j’avais lancée le 29 août 1984. Ce jour-là, je m’étais inscrit pour dresser la toute première table, celle de Lindry. En 2010, on m’a confié le soin de réaliser la dernière table de mariages, à savoir celle de Flacy qui est venue clore la série des tables paroissiales. En tout, de 1984 à 2010, ce sont 236 bénévoles qui ont participé à l’opération, d’abord sous ma direction puis, à partir de 2005, sous celle de Sylvie Lajon. Parmi tous ceux qui ont marqué de leur empreinte ce travail collectif, il convient de signaler Jacques Weiss, Corinne Knockaert et Roger Loffroy qui ont dressé, pour la Société généalogique de l’Yonne, le plus grand nombre de tables de mariages. Il faut aussi mentionner Jean et Ginette Bougault : pour compléter les tables paroissiales des mariages religieux d’Auxerre, ils ont relevé tous les contrats de mariage établis de 1580 à 1793 par les notaires auxerrois, les contrats antérieurs à 1580 ayant été relevés par Jean-Michel Bellanger et moi-même. Grâce à l’aide de tous les bénévoles, ce sont 327.600 actes de mariage de l’Ancien Régime qui ont été transcrits en vingt-six ans de travail.

       Robert Timon s’est également démarqué de ses prédécesseurs en s’impliquant personnellement dans la préservation des documents d’archives conservés par les pouvoirs publics. En 2009 et 2010, il a mené une campagne de presse pour inciter la municipalité d’Auxerre à restaurer tout le fonds ancien des Archives municipales, qui était attaqué par les vers. Constatant, par ailleurs, que des liasses de notaire et des registres paroissiaux sont malheureusement laissés à l’abandon depuis des lustres aux Archives départementales de l’Yonne, où on se contente de les retirer purement et simplement de la communication sans jamais entreprendre quoi que ce soit pour les restaurer et les remettre à la disposition du public, Robert Timon a tenté ensuite, en 2010 et 2011, d’organiser le financement privé de la restauration des documents publics qui intéressent le plus les généalogistes. Mais après de longues tractations avec le directeur des Archives départementales de l’Yonne, auxquelles j’ai participé avec Jean-Paul Millet et Coralie Desvaux, il a dû se rendre à l’évidence, finalement, que les priorités des pouvoirs publics en matière de restauration sont fort éloignées des besoins immédiats des généalogistes et que le mécénat, portant sur des pièces d’archives particulières choisies par le cercle icaunais, n’est guère encouragé.

      Malgré cet échec, qui donne peu d’espoir aux généalogistes de pouvoir mener un jour des recherches à partir des liasses et des registres classés en mauvais état, la Société généalogique de l’Yonne peut s’enorgueillir d’avoir retrouvé un document disparu des Archives départementales depuis une quarantaine d’années. Grâce à la vigilance de Françoise Botte, membre de notre conseil d’administration, le premier registre paroissial de Parly a pu être récupéré le 23 juin 2006 par l’ancien directeur des Archives de l’Yonne, dûment prévenu par nos soins que ce document allait être vendu aux enchères le lendemain par un commissaire-priseur de Tonnerre. Ceci est l’illustration que les cercles de généalogie et leurs adhérents se sentent tout aussi concernés que les archivistes par la sauvegarde de tous les documents publics.

       En 2012, Robert Timon aborde sa quatorzième année de présidence. Son bilan provisoire, à la fin de 2011, n’a rien à envier à ses trois prédécesseurs. Ont déjà été publiés sous son égide cinquante-deux bulletins Généa-89, du n° 81 au n° 132, huit cahiers généalogiques de l’Yonne, du tome XI au tome XVIII, les trois derniers tomes du Dictionnaire biographique de l’Yonne de Paul Camille Dugenne, deux répertoires des familles étudiées, en l’an 2000 et en 2009, et une centaine de nouvelles fiches de l’Encyclopédie généalogique de l’Yonne. Ont aussi été publiées toutes les tables cantonales des mariages de l’Ancien Régimes, dans la série Rouge qu’il a créée, et quelques tables dans les quatre séries Jaune, Bleue, Verte et Violette. En 2008, il a commencé à diffuser Généa-89 sous forme électronique auprès des internautes, à partir du n° 117, et en 2009 il a réédité les sept tomes du Dictionnaire biographique de l’Yonne, en passe d’être épuisés, en quatre tomes parus au format de poche.